Festival du Cercle Celtique, Ar Vro Melenig, 2005

(Blerots de R.a.v.e.l, Idir, Les Trompettes du Mozambique)

 

Le samedi 13 août à Elliant (29) :

  Nous étions avec Lucie en vacances proche de Concarneau, et j'avais remarqué un concert des Blerots de R.a.v.e.l, pas trop loin de là où nous allions, avec en plus Idir, un artiste que j'avais déjà loupé et pour lequel j'aie énormément d'admiration.

Ainsi, le samedi soir, un jour de mauvais temps malheureux, nous allions à Elliant pour vivre le concert. Premier aperçu, la moyenne d'âge, je m'en doutais, sera plutôt élevée, avec notamment des chaises présentes pour les vieilles personnes, sûrement présentes pour les soixante ans du festival.

Nous arrivons juste à temps pour le premier groupe, les Trompettes du Mozambique, une fanfare de binious et cuivres, rythmées et sympas, parfait pour démarrer le festival sous le ciel gris. Le groupe, originaire sûrement du coin, n'est pas forcément venu avec ses fans, et ne fait pas trop danser les foules, sauf un ou deux danseurs en plus de lulu et moi. L'ambiance est assez calme ..

Pourtant sur scène, ils se démènent, tous déguisés, en abeilles, en pijama, en buddha, en marin, en jeune avec casquette de travers, en footballeur, avec des habits classes, tous plus ridicules les uns que les autres, avec des shorts pathétiques, ou encore un biniou man a une perruque assez extraordinaire !

Ce qui est assez remarquable dans ce groupe qui va nous distiller une petite heure de bonne musique, parfois bretonne, puis passant à la fanfare cuivrée plus habituelle, c'est la différence d'âge entre les joueurs de binious et les joueurs de cuivre, la moyenne d'âge des cuivrés est bien plus basse que celle des binious, enfin des bombardes du mozambique, selon le site ..

Tout le concert se fait dans la bonne humeur, avec de nombreuses chorégraphies totalement non improvisées, mais totalement non connues, par aucun d'entre eux, ils se marrent, vont se moquer du clavier, ou encore jouent en solo, tout ça avec une musique toujours festive et agréable à bouger ! Ah oui, aussi, à un moment, l'un du groupe est venu s'amuser avec la caméra qui filmait le festoch pour le transmettre en écran géant .. pendant 2 minutes, il va filmer n'importe quoi, très drôle :).

Enfin, pour finir le concert, ils vont descendre sous la pluie avec nous, pour deux ou trois morceaux au milieu de la foule, ce n'est pas un moment fantastique, le site du festival n'étant pas forcément bondé, mais tout de même, c'est très agréable ! En voilà une bonne petite fanfare originale et sympa !

On les voyait traîner dans le champ pendant le premier concert, les Blerots de R.a.v.e.l sont du coin, Alice court pour embrasser des parents ou amis, d'autres se vantent d'être cousins du chanteur de ce groupe qu'ils n'ont plus vu en concert depuis des années .. et bien, ils vont découvrir l'un des meilleurs groupes sur scène alors .. Aussi, pendant le concert des Trompettes, j'ai aperçu Toma habillé et coiffé normalement, et en fait, NON, il n'est pas plus vieux que les autres l'a même un style sympa .. bonne surprise pour moi !

 

Mr Spider arrive sur scène, tout poilu, ils sont biens ces blérots, il parle du Renouveau Artistique, lorsqu'il annonce qu'ils ont fait leur premier concert à Elliant il y a déjà 9 ans, dans le camping municipal .. il a l'air ému de revenir chez lui, là où habitent ses cousins (deux cousins, différents, l'un connait et a un bon style, l'autre .. non) et tante (plutôt débridée, une tante de blerot sans problème). Puis là, il annonce que le concert va commencer, puis accoste Cyril, un type qui arrive en retard sur le site du festoch, sûrement un vieux pote .. très intimiste déjà l'ambiance !

Bon, revenons au concert, c'est exactement le même concert, à l'ordre des chansons près, que j'ai déjà vu deux fois au cours de l'année, jamais je ne me lasse de l'entrée en matière totalement diabolique avec Pas d'Ô, qui met en scène les instruments les uns après les autres, avec notamment Raph, dont j'adore le jeu fait en appréhension avant de commencer à jouer. Toujours un début de Concert Extraordinaire ! Je ne peux jamais éviter d'échapper des cris de joie ..

Ensuite, toute la grande set list des Joies Sauvages va nous faire danser comme des dingues, on aura le droit à quasiment tous les morceaux du disque, incapable que je suis de donner un ordre dans les chansons, le Goudron et des Plumes et la Baignoire en premier.

Ah si, j'peux aussi dire que le Retour de Petroushka se trouvait assez tôt dans le concert, j'ai d'ailleurs eu peur que le concert se termine assez prestement ensuite, mais ouf, ma peur n'était largement pas fondée, le groupe a continué de jouer, un très bon concert, bien long. On y a retrouvé avec bonheur la démarche gracieuse de Nanou venant retrouver son pitit pitit pianito michelson, toujours très drôle, provoquant un nombre incalculable de photos.

Aussi, la claque du Bocal s'est mal passée, le jeu d'acteurs n'a pas été très bon .. et sinon, pour les Orang-Outans, avec la caméra qui filmait la scène, on a pu voir toute la préparation des feuilles (et des bulles) derrière les quatre chanteurs, voir la photo adéquate. On a retrouvé avec bonheur les sauts de cabri de Toma et de sa contrebasse folle, le duo dansé de Ma tête est Malade.

On retrouve aussi les envolées mythiques de la moissoneuse batteuse de Nono, toujours efficace quand il s'agit de porter un casque/cymbale pendant qu'Alice frappe la cloche dans Le Sol, chanté par les connaisseurs du groupe, qui étaient présents dans le champ. Ou encore il y a le joli solo de Nono pour Y'en a Mamarre, c'est solennel, c'est un très grand moment !

Je peux aussi parler de Parkinson et de son délire "Parkinson" dans lequel je me suis bien amusé, puisque j'ai aussi "Parkinsé" avec eux, c'est vraiment drôle, pas assez long à mon goût, parce que c'est très drôle de voir Nanou sur son piano Parkinsé .. enfin je trouve .. puis il y a le duo Camille-Nanou doublé par Matmut-Alice .. hurlesque !

Enfin, il y a les chansons de Voleurs du Dimanche, qui est déjà sorti, mais ce n'est pas encore la tournée, avec Les Petits Plaisirs qui va nous hantait pendant toute la semaine avec lulu, tout comme le Poisson à deux têtes, et j'ai compris les paroles de Ta Femme et l'ai trouvé très ironique et drôle ! Enfin, le trip tzigano-de l'est de la fin avec Gobe-Mouches et les instruments qui jouent tout seuls .. Excellent !! Et le concert se termina ...

Je vais parler quand même des impressions laissées par le groupe de la famille. L'un des cousins (le mieux stylé) était aux anges, et annonçait très fièrement à tous ses amis que le chanteur était son cousin, on ne pouvait pas ne pas le savoir, il était toujours en train de dire : "waaah, c'est super, c'est vachement théâtral, c'est super, ...". Voilà, ça nous a bien fait sourire !

Après le concert, j'croyais que tout le monde allait partir, mais non, le monde est resté, malgré le ciel très menaçant qui nous a déjà offert la pluie d'ailleurs. On patiente un peu, on va chercher des frites (hors de prix en passant), puis on va acheter le nouveau disque des Blerots. On me propose les autres albums des Blerots avec une ristourne sur les prix .. mais moi j'les ai déjà, donc là, le standeur (le type au stand) me propose un album d'un groupe que je ne connais pas, Courir les Rues. Je matte vite fait le dos du disque (juste pour voir s'il y a pas mal de chansons) et achète le disque, sûr d'avoir fait une bonne affaire (et j'en ai fait une !!!!).

 

Le concert pour Idir pouvait commencer, on avait déjà eu assez pour la soirée, Idir ne pouvait qu'embellir cette soirée, et il va le faire ! Donc ne quitte pas encore le résumé .. J'ai pourtant peur d'Idir, non pas pour moi, mais pour lulu, peur qu'elle s'ennuie avec un rythme assez lent du poète kabyle, elle qui n'apprécie pas forcément la musique orientale.

Lorsqu'Idir monte sur scène, rapidement, l'ambiance dans le terrain change, avec une énorme ovation qui s'élève. Le public a changé, il a vieilli, il s'est un peu coloré, c'est assez bizarre mais on profite. Idir est donc sur scène avec des musiciens, avec une différence d'âge assez conséquente.

Idir commence à parler de la soirée, du concert, et on est sous le charme, et dans l'admiration de ce personnage emblématique d'un pacifisme kabyle en danger. Le ton est solennel et triste pour ce début de concert, il parle de la guerre d'Algérie, des étoiles dans le ciel qui sont des femmes mortes, sa voix n'est pas très sûre lorsqu'il parle de ses amis assassinés, ou de sa vie qu'il a vécu en exil.

Sinon, quand il chante, c'est assez navrant de ne pas comprendre ce qu'il peut bien raconter, car l'envie de l'écouter est là, mais il est vraiment passionant de voir tous les kabyles présents dans le champ chanter en même temps qu'Idir, qui parait être une idole, vraiment, en Kabylie. On aura le droit à Ssendu, très douce et jolie.

Au niveau musical, ce sont des musiques orientales, avec une flûte assez efficace et jolie, et des instruments plus occidentaux, ou des rythmes moins orientaux, ce qui n'est pas désagréable. Sinon, les musiciens, une bande d'amis d'après Idir, sont toujours tout sourire, même lorsque Idir a des problèmes d'oreillettes, son jeune percussionniste va avoir un sourire très angélique.

Avec la voix douce d'un sage chanteur, et cette ambiance, l'instant est vraiment solennel, et lorsqu'Idir demande au public de chanter A Vava Inouva, l'instant est magique, les murmures s'élèvent, le chant se comprend .. un grand moment qui réchauffe tellement il est intense et joli, même s'il pleut au dessus de nous ..

Sur la fin de son concert, il va donner un peu de joie à ses chansons, en chantant Tizi Ouzou (San Francisco de Maxime le Forestier) ou Azwaw, Cteduyi ou encore Awah Awah, pour laquelle le clavier est venu prêté sa voix. Sa fin de concert va se terminer avec des rythmes plus appuyés, avec des percus endiablées qui vont nous réchauffer.

Un petit mot sur le public, un public original, car les kabyles n'ont pas l'habitude de squatter les salles de concert, c'est bien dommage, même si le public était dévoué au personnage, du quarentenaire heureux, gros sourire aux lèvres chantant avec ses tripes A Vava Inouva, au jeune casquette-racaille totalement amoureux du personnage, dansant tout le concert et montant même sur scène pour embrasser respectueusement Idir, à notre voisine, dont le joli sourire silencieux s'est agrandi au fur et à mesure du concert et qui a fini par chanter ..

Enfin, il y a les chiants, des femmes derrière nous qui n'ont pas arrêté de faire le roulement de langues oriental, trop pas propice aux moments solennels qu'Idir voulait faire partager, ou encore l'idiot qui en parlant à son collègue lui a dit : "A côté d'Idir, les blerots de machin, ils peuvent se rassoir" .. c'est idiot, c'est navrant, il n'a rien compris .. le pauvre .. Mais le public était vraiment amoureux du personnage, qui provoque une énorme admiration.

Plus que d'avoir vu un concert musicalement génial, j'ai vu un personnage et je suis heureux de l'avoir vu, ce grand poète !!

 

Nous quittions alors le festival, assez rapidement, le froid nous freinant dans l'envie de partir discutailler avec les Blérots. Sur la route, nous croisions des policiers, félons, postés à un rond point juste à la sortie du festival, ballon de dépistage à la main .. et nous retournions au camping profiter de la plage et du soleil .. des souvenirs de maisons bleues adossées à la colline ou de petits plaisirs dans les oreilles, tout comme un disque de Courir les Rues ..