Concert de Magyd Cherfi

+ Julien Jacob

 

  Jeudi 28 octobre à l'antipode Mjc Cleunay à Rennes (35) :

    Deuxième concert à l'antipode, pour voir, revoir même après les meuhmeuhs au gallo, Magyd Cherfi, l'un des meilleur parolier de France et de Navarre. Journée spéciale sur Rennes, les nouveaux étudiants dans la ville sont chéris, et on a eu le droit dans l'après midi à un colloque, une discussion, avec Magyd Cherfi sur la question de l'engagement dans la Cité (dans la Ville quoi .. pas la cité, la Cité ..), et il a été très intéressant.

Déjà parlons de sa première partie, de la musique africaine, ça ne peut qu'être pas mal, ça ne peut pas être mauvais, mais bon, ça peut ne pas trop être intéressant. Julien Jacob arrive sur scène, il a l'air tout tranquille, n'a pas l'air de se prendre la tête, et il y a quelques défauts de son, qu'il gère avec un sourire qui fait plaisir, il se marre avec le public, et quand le son est meilleur, le concert peut commencer.

Il a deux musiciens tout d'abord, un guitarriste qui fait aussi le choeur, et un batteur et percussioniste qui lorsqu'il joue part complètement dans son univers. Je ne parlerais plus trop de ces musiciens, parce qu'ils n'ont pas une place extraordinaire dans le concert, ils n'ont pas un rôle autre que celui d'accompagner Julien Jacob et de mettre de bons rythmes, mais il faut savoir qu'ils ont été très bons, et que la qualité du concert serait différente sans eux. Ils sont très bons, et je tenais à le signaler.

Passons sur Julien Jacob, il parle très bien le français mais chantera un dialecte africain, tout le long du concert, il n'utilise pas du tout la langue française, et sa voix chantée est très belle, il a une voix rauque, qui peut aussi partir dans les aigus, il fait tout de sa voix, et c'est impressionant, il a une grosse palette de voix différentes.

Sinon, il enchaîne les musiques dans ce mélange foufou africain, avec percus et tout, et dans la douceur de sa voix, on rentre dans le trip vraiment rapidement, et on se met à bouger, et on l'écoute tout simplement. C'est un concert à écouter, et le public est très réceptif à la musique, le sourire de Julien Jacob se transmet au public, et ça, y'a rien de plus important.

Il fera une première partie toute calme donc, enfin pas si calme, on bouge quand même, mais ce ne sont pas des rythmes effrénés, même si parfois il peut partir plus rapidement et nous obliger à bondir. Il termine le concert sur un rappel original où il demande aux mâles de chanter un truc difficile .. j'me rappelle plus ce que c'était : Bobabedounte, disons ça .. et aux filles de chanter un truc hyper facile : Mamate .. Après avoir vainement clamé la difficulté de la chose, nous nous sommes mis à la tâche, et le rappel fut comme le concert, une grande bouffée de sourire et de calme, pendant ce temps-là, lui il chantait, et nous on a continué toute la chanson, ça faisait vraiment bien, et nous nous sommes acclamés en fin de concert, ainsi que lui, puis nous l'avons applaudi et voilà il est parti.

Pas trop grave, on attendait surtout Magyd Cherfi, et pendant l'attente, ben on entendait les blerots de ravel, rien de mieux pour attendre avec du rythme.

Puis vingt minutes plus tard, Magyd est arrivé avec ses musiciens. Je ne me rappelle plus trop de ma description après le concert des Meuhmeuhs au Gallo, mais ça reste à peu près le même concert, une voix rebeu sur un air de musette, un zeste de Zebda, de la poésie, des rimes assassines, un Magyd qui vit vraiment ses musiques. Et tout est là pour permettre un grand moment.

Magyd, c'est la plume surtout, et je regrette encore de ne pas avoir eu le disque avant le concert, c'est vraiment frustrant de devoir écouter ce qu'il chante, sans prendre la peine de réfléchir réellement sur tous les jeux de mots. C'est le gros regret du concert, en plus, la musique est bien forte, donc on entend pas totalement ce qu'il dit, pourtant, il s'avère que c'est très joli, et que les rares phrases qu'on entend bien à la suite sont vraiment belles.

C'est aussi un rythme qui tourne parfois à la Zebda, bien sûr avec Joël, l'ancien de Zebda, le bassiste, avec qui Magyd donne l'impression de s'entendre comme avec une deuxième chaussette d'une paire. Les trips entre les deux sont nombreux, et on se marre à chaque fois, comme d'ailleurs avec toutes les anecdotes de Magyd Cherfi, qu'elles concernent sa pauvre mère, sa famille, ou l'histoire mouvementée du groupe, on rigole toujours, même si les anecdotes restent à peu près les mêmes que celles entendues aux Meuhmeuhs. Elles sont juste un peu plus longues ici.

Passons sur le batteur, qui est aussi le choeur des principales chansons, et sur l'accordéonniste/pianniste qui passent à peu près inaperçus, attardons nous par contre sur le guitarriste, le meilleur de la "région Indre et Loire", selon Magyd, celui qui a une guitarre magique, et des doigts qui le sont tout autant pour jouer, il a aussi un physique, une rictus, un sourire, une envie de jouer, qui font plaisir à voir, et ça fait rentrer plus fortement dans le concert.

Et enfin, terminons sur Magyd Cherfi, je disais qu'il passait pour un ours un peu aux Meuhmeuh au gallo, c'est vrai que parfois il est très vivant sur scène, qu'il donne l'impression d'être un peu violent dans ces gestes, mais en fait, y'a un métissage des gestes, des coups de points dans le vide quand il parle de Bush et autres enfoirés, il revient vite à des gestes beaucoup plus calmes, et vit vraiment ses chansons quand il chante, même quand il les lit.

Il a aussi un caractère et une voix qui se veulent doux. Quand il parle de ses musiciens, des intermittents qui traînent derrière les consoles, il y a de l'amour dans sa voix, de la bonne reconnaissance, il est plutôt émouvant, et lorsqu'il reçoit l'ovation du public, tout le monde suit vraiment, il est un Monsieur, faut le répéter, un grand monsieur de la chanson française, qui n'a pas encore un gros répertoire, qui a du mal à se souvenir des chansons de Brassens, ou des nouvelles qu'il a écrit, il sort à un moment des feuilles pour pouvoir lire les textes.

Mais il ne peut s'empêcher de bouger en les lisant, il ne tient pas sur une chaise, et c'est ça qui plait, il est nature, tout en étant un grand, un ancien de Zebda, un énorme groupe, il n'a pourtant rien à prouver devant un public presqu'acquis par avance. D'ailleurs, il ne reprend vraiment aucune chanson de Zebda, seule C'est la fête est reprise et y'a une grosse différence avec la version de Zebda, d'ailleurs, le public devait répondre un "mouaaiiiiis" très palichon après "C'est la fête c'est la fête", ça contrastait avec d'habitude. Pour revenir sur Zebda, peut être c'est dommage qu'il n'en reprenne pas, mais bon, il a un répertoire assez conséquent déjà ..

Aussi, signalons le gros travail des lumières sur le concert, et on aura fait le contour du concert, qui fut un grand moment, il est grand ce Magyd Cherfi, et franchement, il mérite largement les ovations du public ..

Après discussion avec le Breizhois au bar, je repartais pour chez moi, et ce coup-ci, je me suis réveillé le vendredi matin (par contre, le lendemain des blerots ... hum ...)

(Mr Magyd Cherfi aux Vaches au Gallo 2004).